07.06
Résumé
C’est vrai que moi non plus je n’y croyais plus trop… Être sur le vélo, déjà, et pouvoir rouler à peu près normalement moyennant une pédale un tantinet modifiée et le port continu d’une chaussette de contention et d’une attelle… Et puis comme souvent, le plus gros moment de doutes se révéla être au 200ieme kilomètre, pas au début non, l’enchaînement des cols du #CFC étant toujours grandiose mais après la longue et pénible plaine de la Limagne, et le fort vent de côté qui y soufflait aujourd’hui… La coupure prolongée, le manque de force se faisait évidemment sentir…
Et puis nous avons attaqué les montagnes, que l’on apercevait depuis un moment déjà de l’autre côté. J’étais sec et à sec quand il y a cette dame, en train de balayer sur son palier. Je lui demande de l’eau, elle me répond qu’elle peut ouvrir exceptionnellement le bar, pourtant fermé pour cause de départ à la retraite. Installé sur la terrasse, nous discuterons un moment, de son établissement fermé tout récemment après avoir connu pas moins de quatre générations. Du périple en cours, de la difficulté de trouver des petits commerces dans les villages du coin. Lorsque je suis reparti, je n’étais plus sur le vélo, ni en mode ultra. Ce petit fait sans importance m’avais remis dans le bon sens de la marche, celui du voyage, et des rencontres…
La suite serait désormais un émerveillement… La belle région des Ancizes à la faveur du soir, la nuit vécue parmi les Volcans avec à ma gauche l’installation si brillante du Puy-de-Dôme, qui tel un phare éclairait ma nuit. Une autre rencontre encore, celle d’Almaric, un jeune de région Parisienne avec lequel je termine cette longue étape puis partage pizza et bivouac à Rochefort-Montagne. 290km, 6000m de D+. Le corps avait retrouvé ses automatismes d’avant l’accident… Et j’étais désormais beaucoup plus confiant !
Il est 5 heures lorsque le froid nous cueille sur le bout de trottoir qui nous avait servi de lit… Vite ! Ne pas se laisser engourdir et repartir pour ce qui se présente comme une belle promesse. Car aujourd’hui, nous aurons l’Auvergne… Dans tout ce qu’elle a de joyaux et de plus exceptionnels ! Le Sancy d’abord. Où je regarde Almaric et ses 24 ans s’envoler léger dans les pentes soutenues du col de Guery. Je n’ai pas de jambes… Et pas encore la possibilité d’appuyer jambe gauche sur cette pédale alors je tire davantage sur la droite… Une percée à travers les arbres, un aperçu des roches Tuilière et Sanadoire enflammées par le soleil levant. Après tout, je ne suis pas si pressé…
Le lac, l’hôtel et les montagnes en toile de fond. La Croix-Morand, son spectacle pelé à l’horizon. La Croix-Robert, sa route étroite et tortueuse qui s’enroule dans le relief. J’ai toujours trouvé que le Sancy est un modèle réduit des Alpes… C’est aussi l’un des premiers massifs dans lequel j’ai pu rouler, ce qui lui vaut une place à part ❤️. Ce que je connaissais moins, c’est ce qu’il y a au sud du Sancy. Chasteix, ses arrêtes brunes qui se découpent sur ce vert insolent qui habille la moindre colline. Les villages ensuite. Où je trouve sans les chercher les fontaines qui la veille m’avaient tant manquées… Saint Genest-Champespe, le premier CP. Les copains sont toujours aussi sympa, avec ce don de savoir nous recevoir. Au menu ce midi, Aligot. Il faut bien reprendre des forces…
Devant nous se dresse le gros morceau… Le bien nommé Puy-Mary et ses rampes souvent à 9% et plus qui vous hissent sur le plus vaste volcans d’Europe. Une belle montée. Jamais assis ou presque, et la cheville qui bien que douloureuse tient le choc… 100 mètres encore. Ça y est ! Le Pas de Peyrol longuement approché est désormais derrière moi. Mais les choses ne sont pas finies ! Car les copains nous ont ménagé une surprise… Mauvaises de premier abord, et bonne ensuite… Le col du Pertus, une vacherie inconcevable que les coureurs du Tour franchiront dans quelques jours… Alors avis aux Puncheurs, et les autres n’ont qu’à bien se tenir !
Thiezac, sur l’autre versant. Un snack de d’apparence banal mais qui cache dans son arrière cour une table des plus princières. Là, m’attendent une savoureuse truffade accompagnée d’un pavé de Salers saignant à souhait. Je mange, partageant l’aventure avec mon voisin de table qui a choisi de laisser Strasbourg pour se ressourcer une petite semaine dans le pays… Camping, vélo et chemises à fleurs… Presque 20h, et il me reste encore beaucoup de chemin à faire… Car j’ai dans l’idée d’atteindre Saint Flour et sa base de vie offrant la certitude d’une nuit au sec. 260km. 6000 de D+. Il est 2h du matin et la base encore pourtant très animée… Entre ceux qui arrivent, et ceux qui partent… Je file impatient au dortoir pour me délecter de 2h30 d’un sommeil des plus profond…
Mais déjà il faut repartir, sous un ciel qui nous fait la clémence de premiers tours effectués au sec… La pluie, pourtant, ne tarderait pas à arriver… A Garabit d’abord, où le parcours permet d’observer la riche structure héritée d’Eiffel depuis le bas, et puis d’en haut… Nous grimpons maintenant, vers les plateaux austères et brumeux de la Margeride… Après la chaleur d’hier, l’amplitude est terrible et j’ai bien du mal à avancer… Me débattant, pris dans la nasse que m’a tendue le vent. Et c’est avec un grand soulagement que nous redescendons. Dans la vallée douce et sauvage que l’Allier a patiemment dessiné…
Stop. Voici Peyrataillade. Ceux qui connaissent savent, tandis que les autres comprendront bien assez vite qu’il vaut mieux ici aller à pied… Et ce fut un problème, qu’il fallut gérer pour préserver la cheville s’il était encore possible de le faire… C’est dans cette montée que je fais la connaissance de Pierrick, un pur grimpeur venu du Sancy avec lequel je boucle les cents derniers kilomètres. De belles forêts, l’impressionnante Chaise-Dieu où la pluie redouble pour désormais ne plus nous lâcher. Qu’à cela ne tienne… Nous savions désormais que le but était acquis, que notre allure nous permettrait d’éviter un troisième bivouac un peu trop humide à notre goût…
Ambert. Nous y revenons 61 heure et 51 minutes après en être parti… Un peu plus fatigué mais sans plus. Le vélo, facile lorsqu’on prend son temps. Le vélo facile par rapport à la marche. Le vélo, splendide des Copains. Un podium pour la forme. Une bière qu’on entrechoque, un repas, une courte sieste…
Avant de rentrer, juste à l’heure…
pour demain, aller voter… 😉
Je remercie ici Gaëtan C. mon kiné qui depuis un mois fait tout son possible pour me remettre sur pied, pour me redonner confiance. Je remercie aussi Marie L., qui suite à ma blessure m’a reçu en urgence dans son cabinet et orientée de la meilleure façon qui soit… Ce sont eux qui ont rendu possible ce défi à priori perdu d’avance !
A vous deux, mes anges gardiens !
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