12.22
Une pincée d’éléphant
2022, après plusieurs voyages orientés bikepacking pour aller vite et empiler du kilomètre, une blessure au genou me contraint à lever le pied et à prendre mon temps. C’est ainsi que l’Hannibal Rider, un brevet fédéral au départ de Pavilly, se transforme en 12 jours de cyclocamping à la belle et sans stress qui, depuis Saint Etienne, me conduisent successivement à travers le Jura, le Bugey, les Alpes, le Vercors ou encore l’Ardèche et la Haute-Loire… L’Iseran, sommet culminant des Alpes si l’on excepte la fausse Bonnette, en sera le point d’orgue… 12 jours pour renouer avec le plaisir simple du voyage. Du dressage du campement dans un lieu improvisé le soir à la persévérance dont il fallut parfois faire preuve dans certains cols. J’ai retrouvé là ce que j’ai éprouvé 7 ans auparavant en parcourant la France au fil du fleuve Loire. Ce sentiment de liberté immense. Et cette confiance absolu dans le temps qui permet de tout surpasser 😉 !
Le Phare des Baleines
2020 est une année particulière dans la vie de beaucoup d’entre nous. C’est l’année où tout s’est arrêtée. C’est l’année où les plus jeunes dont je fais parti ont compris pourquoi les plus âgés raisonnent ainsi. La fin de l’insouciance. La prise de conscience que oui, on peut mourir. Et que c’est même assez facile. Mais l’expérience a aussi eu pour effet d’affûter nos perceptions. Car si nous avions pu prendre acte de nos fragilités, nous avions découvert un sentiment comparable pour les gens autour et cette nature qui dans le calme des rues éteintes s’est révélée. Le chant des oiseaux au réveil le matin. Un hérisson curieux le soir en fermant ses volets. Déconfiné pour un temps incertain, nous étions avides. Avides de découvrir ce qu’il pouvait bien rester de force au fond de nos tripes. Avides de savoir si notre éveil à l’importance de la première ligne, au rôle des soignants, à celui des artistes qui trouvèrent l’inspiration rendant ainsi l’enfermement plus supportable survivrait dans le temps… Il fallait en avoir le coeur net. S’inventer un défi démesuré, se donner un cap lointain à aller chercher. Et quoi de plus approprié alors que de viser alors un phare ? Le Phare des Baleines, un aller-retour en cinq jours que raconte l’album rouge soigneusement illustré par le frangin.
De Ganagobie à Napoléon
2019. 33 ans et habité d’un appétit insasiable qui devait me conduire à réaliser avec succès mon premier Paris-Brest-Paris. Mais à coté de cette quête insensée, il y eut aussi tout plein d’histoires fabuleuses que mes jambes de feu du moment rendaient possibles. L’une d’elle restera à jamais comme l’un de mes plus beaux souvenirs cyclo, pour le formidable voyage qu’elle représente d’abord, et pour cette profonde camaraderie qui s’en est suivie. Le mérite d’une telle expérience revenait à Christian et Annie rencontrés lors des brevets qui forgent l’âme du PBP. Christian, qui chaque année descendait voir son fils à Nice, en deux étapes articulées autour d’un lieux et de son hôte improbable : le monastère de Ganagobie et frère Jean. Je me rappel du silence de ce repas partagé dans cette haute salle où des moines sévères nous entouraient. Je me souviens de cette chambre dont la vue donnait sur une cour intérieure, où le temps ne coulait plus. Je me souviens de mes compagnons, des gorges du Verdon, des lavandes, de la mer que nous pouvions entrevoir à notre arrivée à Nice. Je me souviens du retour aussi, effectué à vélo par la célèbre route que Napoléon emprunta depuis l’île d’Elbe pour reconquérir la France…
« Jusqu’à Grenoble, j’étais aventurier. À Grenoble, j’étais Prince… »
Au revoir Papi (et Mami)
De loin mon ride le plus douloureux. 14 juillet 2018, sous l’orage, je viens tout juste d’atteindre le sommet du col du Granon lorsque le téléphone sonne. C’est mon père qui m’appelle d’une voix brisée. Son père, mon grand-père, Marcel, est parti et nous laisse avec un vide et un chagrin immense dont j’aurais bien du mal à me remettre… J’ai fini par prendre la route, un mois plus tard exactement, en souvenir de lui et de mami, repensant à tout ces dimanches où nous déjeunions en évoquant la ferme, mes études, l’Alsace et la Lorraine que mon grand-père connaissait pour y avoir effectué son service militaire. Ce périple lui (leur) est dédié. Parti en train de Saint Chamond jusqu’à Belfort, je traverserai une partie des Vosges pour rejondre Nancy et cette caserne militaire devant laquelle je serre ému ta fourragère entre mes doigts. Puis arpente une longue route menant à la Boutonne, la ferme où toi et mami avez vécu et qui réveille en moi les souvenirs délicieux de mon enfance. Ton visage se superposant parfois aux paysages ruraux qui défilaient sous mes yeux. Puis, avec mon père, réaliser cette marche triste jusqu’à votre dernière maison. Je sais aujourd’hui l’incroyable chance que j’ai eu de vous avoir. Je vous aime.
Votre petit-fils. Damien.
Belfort/Nancy – Nancy/Dijon – Dijon/Chevrières – Chevrières/la Boutonne
Sur les traces de Stevenson
2017, deux ans après un voyage mémorable vers l’Océan, je lis un petit livre « Voyage avec un âne dans les Cévennes » que Robert-Louis Stevenson écrivit en 1878… Scotché par l’idée, l’histoire et la modernité du récit… Mais n’ayant point d’âne sous la main, je décide de partir à vélo, détellant la remorque pour l’équipper de saccoches beaucoup plus adaptées aux terres montagneuses et austères si bien décrites… Au retour, je colle mes photos sur le texte centenaire, et tout s’accorde si bien !
En 2020 et à l’appel du Chilkoot qui refuse de baisser les bras,
je repars en la bonne compagnie de mon ami Laurent.
La Loire à Vélo en 9 jours
C’est en cette belle année 2015 que je suis parvenu à réaliser un rêve dont je caressais l’idée depuis longtemps. Celui de descendre en 9 jours et en vélo le fleuve qui m’a vu naître. Un voyage à double sens, la Loire comme fil de vie. Vous trouverez ici un petit récit sans prétention retraçant avec fidélité ces 9 jours de voyage, de la Source à l’Atlantique. 9 étapes à travers la France durant lesquelles j’ai vécu une multitude de bons moments et ressenti des émotions d’une force inégalable. Mais place aux images !
Alès&Retour
En 2013 se concrétise ma première expérience itinérante en vélo et autonomie complète ! A l’époque, la remorque n’était qu’un moyen à moindre de frais de ce faire une idée de ce mode d’aventure. De se confronter aux premières galères, de commettre les premières erreurs. Quoi qu’il en soit, cela m’a plu, cette sensation unique de liberté et le droit définitivement acquis de toujours pouvoir changer d’avis… Tellement que je repartais quelques mois plus tard, pour 4 jours de vadrouille improvisée entre le Puy-de-Dôme et la Bourgogne… Sans prendre le temps d’en faire un compte rendu cette fois, non sans regrets…
…
Aucun commentaire.
Ajoutez votre commentaire