#CommeUnLego…
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Giromagny
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Dommartin-lès-Remiremont
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Wildenstein
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le Hohneck
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le Hohneck
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le Hohneck
« À l’avenir, laisse venir,
laisse le vent du soir décider… »
Il paraît que Baridür veut dire « randonnée en montagne » en alsacien. Et c’est le nom qu’a choisi Sophie Matter pour nommer la Super Randonnée Audax du massif Vosgien auquel je participerai ce week-end de l’ascension, mais seulement en formule touriste. La « randonneur » octroyant un délai de 60heures (2.5jours) bien trop court pour des vacances… Les paysages et le tracé s’annonçant grandiose (675km, 14700m de D+, une quarantaine de cols), je le réaliserai en 4 journées pleines articulées autour de 3 villes étapes : Giromagny, Orbey, Saverne. Les étapes feront ainsi toutes moins de 180km, ce qui permettra de dormir le matin et d’arriver pas trop tard aux hébergements réservés il faut le dire à la dernière minute.
Le départ « normal » se fait depuis Cernay mais j’ai choisi Giromagny pour sa proximité toute relative puisque la ville est située à l’extrême sud du Massif Vosgiens. Départ à 9heures sous la haute église après 4 heures d’autoroutes un brin longuettes. Et durant laquelle j’ai traversé des averses peu rassurantes sur la tentative. Heureusement, si le ciel restait couvert avec des températures fraîches à Giromagny, il ne pleuvait pas et cela devrait tenir la journée…
Le tracé débute ainsi par le Ballon de Servance, puis la route des Forts, de petites routes qui me mettent instantanément dans le bain et me rappellent la très belle cyclo des 3 Ballons… Je progresse à rythme prudent dans un magnifique décor où les forêts sont légions, clairsemées ici et là de quelques taillis de Genets à l’odeur si enivrante… Dommartin-lès-Remiremont, que je parcours long en large mais en vain à la recherche d’un ravitaillement… Le petit Col de Chenau, presque raté tellement il est discret à la sortie de la ville, m’a enchanté. Le suivre m’a conduit à Vagney où j’ai pu trouver cette boulangerie dont je commençais à avoir réellement besoin. Assis sur un banc, au pied d’un grand arbre et d’une haute église. Le ciel semblait maintenant vouloir se lever…
Pour atteindre la prochaine ville Cornimont, il faudra d’abord grimper le joli Col de la Croix des Moinats. Et cela tombe bien, grimper, je suis venu pour ça et sur ce plan, la trace ne me décevrait pas !!! Car à peine Cornimont franchi, j’entamais déjà le col du Bockloch puis celui de la Vierge où j’ai passé un beau moment. Je retrouvais ici l’amour des beaux tracés, reconnaissables à ces itinéraires qui font part belle aux routes que l’on nomme forestière comme on dit de certaine crème qu’elles sont pâtissières… Ce n’est certes pas la pente ici qui fait la difficulté, mais bien le coté rugueux d’un revêtement qui progresse approximatif dans une épaisse forêt…
La route s’autorise à redescendre un peu, jusqu’au col de Bramont avant de remonter d’un coup via « la route des crêtes » qui sillonne la réserve naturelle de la tourbière de Machais… Et encore une fois c’est très beau. Et encore une fois je me régale. Et encore plus lorsque je découvre après quelques lacets bien pentus une construction qui fourmille de milles gens. Le Hohneck, sous ce ciel bleu parsemé de jolis nuages voyageurs. Un panorama, laissant quelques traces d’une neige accumulée dans les crevasses les plus à l’ombre…
Je reprenais ma route, une descente dangereuse, puis l’ascension difficile à cet instant du jour du col de la Schlucht… C’est le début d’une nouvelle route de crêtes, croisant des lacs comme le lac vert, son col, à 1225 mètres d’altitude tout de même… Poursuivre. Jusqu’au col du Calvaire où je bascule dans une descente apparemment trop rapide pour ma roue libre et qui me conduit à Orbey où une chambre est réservée au VVF. Il est 18h30. Je vais pouvoir m’y poser un petit instant avant de rejoindre à pied le Kebab « le Dido » que je recommande chaudement : pour la qualité de la nourriture et aussi le cadre très sympa pour ce genre d’établissement.
La chambre offre une literie moelleuse et je m’endors rapidement et profondément. Réveillé seulement au petit matin par le chant joyeux des oiseaux…
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Col du Calvaire
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Les routes forestières
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Des forêts, et des scieries où flottent l’indescriptible odeur du bois
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Arbeschviller
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Le canal de la Marne au Rhin
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Saverne
« C’est un grand terrain de nulle part,
avec de belles poignées d’argent… »
Deuxième étape, après un petit-déjeuner copieux à cette bonne adresse qu’est ce VVF. Avec dès les premiers tours, le constat que la chaleur aujourd’hui sera de la partie. Je remonte tranquillement le col du Calvaire à la cime duquel je retrouve la trace du Baridür. Avec deux cols faciles puisque franchis en descente, le Louschbach et le Bonhomme… Idem avec encore deux cols, celui du Pré-de-raves puis des Bagenelles…. La route plonge ensuite dans une longue descente vers Sainte-Marie-aux-Mines où je reste attentif à cette roue libre qui, certainement en fin de vie, gratte dès que la vitesse devient trop importante…
La sortie de la ville se fait par le col de Sainte-Marie que j’aborde en compagnie d’un groupe d’Allemands assez bavards. Tous vêtus du maillot de leur club, leur rythme me convenant parfaitement et, bien que ne partageant pas la langue, un moment que je suis bien heureux de pouvoir partager. Sur ces routes tranquilles des Vosges, ce sera d’ailleurs la seule fois…
Neuvillers-sur-Fave est un beau village, dans lequel on peut trouver de l’eau bien fraîche dans le petit cimetière juste derrière l’église. La trace va bientôt changer de caractère, s’affranchissant des directions pour filer à travers champs… Avec le col des Raids d’abord, via l’incroyable route forestière du Paradis… Un ruban de bitume onctueux sillonnant à l’ombre des arbres, et qui, bien que relativement avare en point de vue, est un délice dont je savoure chaque arpent…
Nous retrouvons ensuite une départementale plus large, la D32, et bien sûr un nouveau col, celui du Las, triste comme son altitude d’à peine 701m. C’est bien ce que j’avais constaté la veille en consultant le profil, une étape relativement accessible au vu du reste du parcours (seulement 3000m de D+ en cumulé), mais très casse-pattes avec des montées/descentes incessantes…
Il était 13 heures passé, et je trouvais à Saales un distributeur automatique de pizza caché sous des échafaudages… Passer dessous, je commençais à avoir faim !
A l’heure de la digestion, la route remonte très vite vers le col de Hantz qui, s’il n’a sur le papier rien de difficile, se révèle tout de même éprouvant avec ces températures assez exceptionnelles pour l’époque (plus de 30°C). Surtout, nous n’y sommes pas encore habitués, ce sera différent dans un mois…
Vient ensuite une belle route donnant accès au col de Prayé puis à celui de l’Engin. M’enfonçant dans la forêt domaniale des bois sauvages, tout était dans le titre !
Longue descente, nichée entre la forêt domaniale de Saint Quirin à ma gauche et d’Abreschviller à ma droite. Un endroit doux et sauvage, qui longe la belle rivière de la Sarre Rouge…
A droite au carrefour avant Abreschviller, prendre une route étroite via deux nouveaux cols aux noms bien d’ici : le Brechpunkt puis le Peugstein… L’orientation de la vallée et son profil encaissé assurait une ombre plutôt bienvenue… Que j’allongeais assis dans l’herbe au pied d’une étrange maison à la cheminée penchée…
Col du Hohwalsch dépassé en descente toujours par de belles routes forestières qui faisaient mon bonheur depuis le petit matin… Si cette portion du Baridür n’est certainement pas la plus complexe, elle constitue l’un des moments forts du parcours, si tant est qu’on aime aller seul au beau milieu d’endroits très sauvages…
Lutzelbourg, les ruines de son château qui surveille le canal « de la Marne au Rhin » le long duquel je chemine depuis déjà un moment. La lumière particulière d’une fin d’après-midi ensoleillé… Le seul « plat » du parcours et un interlude savouré jusqu’à Saverne où un hôtel est réservé…
Arrivé tôt grâce à cette étape de longueur correcte, je profite de la soirée pour visiter à pied Saverne que je ne connaissais pas et qui m’a beaucoup plu. Le nom de son château « des Rohan » évoquant pour moi celui de Pontivy déjà croisé deux fois lors du Paris-Brest-Paris. A voir aussi, ses maisons à colombages parfaitement entretenues, ses canaux, ses nombreux bateaux…
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Saverne
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Oberhaslach
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Cimetière militaire de Grendelbruch
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Saint-Hippolyte
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Château du Haut–Kœnigsbourg
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Lapoutroie, après l’orage
« Pommes d’or, pêches de diamant,
des cerises qui rosissaient ou grossissaient… »
La troisième étape est le tournant de l’aventure puisque m’orientant jusqu’ici plein Nord j’allais y effectué un virage à 180° pour regarder le Sud. Laissant l’Ouest reculé du massif, pour son coté Est beaucoup plus accueillant… mais beaucoup plus escarpé aussi puisque ces deux dernières étapes excéderont les 4000m de dénivelé positif…
Le début d’étape s’effectue ainsi par la belle ascension du col des Pandours, qui se révèle une nouvelle fois être une route forestière absolument fabuleuse. Accompagné du chant de milles oiseaux, cette montée fut ainsi assez facile…
Le point d’orgue de la journée sera le contrôle à la nécropole de Grendelbruch atteint par « la route du souvenir français », une pépite qui offre de belles perspectives sur le village et les chaumes du Hohbuhl. Et s’il est très probablement possible de la rejoindre sans trop se faire mal, Sophie avait d’autres plans pour nous, sûrement sa (haute-)estime des cyclistes s’alignant sur ses aventures…. Elle avait donc placé sous nos roues le raidard infernal de Mulhbach… 3km réguliers à 12%, presque tout droit. A cours de braquets, il ne fallait ici certainement pas s’affoler.
Je mangeais sur la table dressé à l’extérieur de la nécropole, qui rassemble les corps des soldats morts pour la France lors des combats qui se déroulèrent au cours de l’été 1914 dans la vallée de la Bruche et de Muckenbach… Une page sombre de l’histoire, qui dans cette région frontalière particulièrement marquée par les deux guerres, se rappelaient souvent par ses cimetières, ses mémoriales, ses plaques apposées en l’honneur des héros tombés au front..
Je retrouvais bientôt la longue montée du Champ-du-Feu que je n’avais pas oubliée non plus. Peut-être parce qu’elle constitue l’un des actes fondateurs de mon humble carrière cycliste… C’était avant la création du site, en 2007 ou 2008, je ne sais plus très bien… Je me souviens cependant qu’alors étudiant à l’INSA de Strasbourg, j’étais parti sur ce vieux VTT rouge récupéré dans la déchetterie où je bossais durant l’été… Avec l’idée de m’aventurer dans ces Vosges qui de la capitale alsacienne paraissaient si lointaines… Une journée incroyable où j’avais pu suivre les pistes cyclables qui lient Strasbourg à Molsheim pour m’enfoncer ensuite dans le massif jusqu’à Schirmeck où l’ascension du Champ-du-Feu débute… Puis, après un crochet par le Mont-Saint-Odile, j’avais retrouvé la plaine à Obernai cette grande plaine qui entoure Strasbourg… Près de 180km sur un VTT en acier bon à jeter et ne valant pas 50€… Un équipement modeste qui renforçait cette sensation grisante d’avoir fait « un truc », et qu’à partir de là, tout devenait possible…
Le Champ-du-Feu propose une vision de montagnes moyennes commune à ce que nous pouvons connaître chez nous dans le Forez, le Pilat ou encore à certains endroits de la Haute-Loire… Mais si ce sont des paysages dont j’ai l’habitude et dans lesquels je me sens bien, je suis tout de même surpris par la quantité d’insectes que je percute, que je collecte… Certainement le signe d’un écosystème beaucoup plus sain que celui de la Loire, où l’agriculture représente une part importante des surfaces disponibles…
La route continue encore, vers le Climont puis le col d’Urbeis… C’est un dessert, que dis-je, un café gourmand… Voici Fouchy où, derrière l’épingle, je découvre un col du même nom et dont j’apprécie particulièrement l’ascension, avec ses lacets, jamais faciles mais tellement grisants…
Lièpvre où je vais enfin pouvoir me ravitailler ! Au Carrefour-Express dans lequel j’achète l’eau pétillante et les salades qui sont adaptées à cette journée presque caniculaire… et qui deviendra bientôt orageuse…
Pas assez vite tout de même pour me priver après une ascension très régulière de la vue imprenable offerte par le château du Haut-Koenigsbourg. Même si, sevré de voitures trois jours durant, j’aurais souhaité le découvrir un peu moins fréquenté… Et si ce site grandiose est est la vitrine d’une certaine Alsace, il évoque également mon week-end d’intégration à l’INSA de Strasbourg, que je ne pourrais pourtant pas qualifier de mémorable puisque j’en ai oublié une bonne partie…
Mais le ciel s’assombrissait à vue d’œil et à Thannenkirch ce fut l’explosion… Ayant tout juste eu le temps de m’abriter sous le proche d’une maison pour plier au sec tout ce qui dans mon entreprise était vital : carte bleue, papiers d’identité, téléphone… Le reste pourrait bien sécher après ce déluge qui s’abattit après plusieurs coup de semonce… Inutile pourtant d’attendre, les prévisions météo étaient mauvaises pour deux heures au moins, il fallait repartir… Sous un déluge et dans l’orage, en croisant les doigts pour que la pluie ne tourne pas à la grêle… Ne pas y penser…
Bergheim, Ribeauvillé… Rien que de l’eau qui descend du ciel et qui remonte du sol… Les chaussures remplies à raz-bord et le maillot détrempé malgré ce k-way enfilé un peu par dépit… Hunawihr, une courte éclaircie entre deux fronts orageux me permet de profiter un peu des paysages fabuleux de la route des vins, de ce village inoubliable qu’est Riquewihr. C’était les 4 et 5 septembre 2010. Nous étions partis faire la route des vins avec des copains, depuis Molsheim, et jusqu’à Bernwiller, en faisant étape à Colmar…
Et puis, les choses se corsent dès la sortie d’Hunawihr avec un gros pétard placé au milieu des vignes. A peine le temps de souffler et nous voilà bifurquant pour la montée du Saint Alexis. Un col pas très connu mais dont le début n’a rien à envier au Petit Ballon que nous retrouverons plus tard : même type de petite route, pourcentages similaires. Mais un cadre encore plus champêtre (dans le très beau Pays Welche)… Et le déluge qui éclate à nouveau, avec ses éclairs qui zèbrent le ciel sous le roulement sourd du tonnerre… Seul perdu dans cette forêt sans aucuns abris, partagé à cet instant moitié-moitié entre le bonheur de n’avoir amené personne dans cette galère et la peur de disparaître d’un coup sous un trait de lumière foudroyant…
Lapoutroie… A court de jus et tandis que je croyais en avoir fini, je n’avais pas vu sur le profil écrasé par les Ballons le col de Bermont qui, si d’altitude modeste (646m), présente tout de même de sacrés rampes… Les derniers efforts…
Orbey, enfin, le même VVF que celui où j’avais dormi deux jours plus tôt… Tout ceci m’avait grandement retardé et j’arrivais alors que la caisse venait de fermer. La réception deux fois m’avait appelé. Je n’avais pas décroché. Et je trouvais ma clé, dans une enveloppe portant mon nom posée sur le comptoir… Restait une obsession, celle de trouver à manger, et vite… « Le Dido » était ouvert, l’adresse toujours très très correcte. Un kebab, une bière, et beaucoup de frites !
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Bienvenue au pays du Munster
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Col du Petit-Ballon, et l’inoubliable virage Pinot
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Willer-sur-Thur
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Musée de l’eau, à Wattwiller
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Entame du Col du Ballon d’Alscace
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Sommet du Ballon d’Alsace, dernier sommet de cette belle aventure
« Des kilomètres de vie en rose… »
La dernière étape était attendue comme l’apothéose. Car si le final de la veille s’était avéré éprouvant, ce dernier jour du week-end de l’Ascension promettait du beau. Ni trop chaud, ni trop venté. Surtout, sans la moindre petite goutte…
C’était aussi l’étape des Ballons. Mais pourquoi Ballons ? J’ai pu lire ici et là que ce n’était pas dû à la forme arrondie qu’ils n’ont pas… Mais bien à leur position très particulière et remarqué dès l’Antiquité…
Ainsi, du Grand Ballon qui est le plus haut, on pourra observé les alignements remarquables suivants…
– au solstice d’été (21 juin), le lever du soleil est aligné avec le Petit Ballon ;
– aux équinoxes (printemps vers le 20 mars et automne vers le 22 septembre), le lever du soleil est aligné avec le Belchen allemand ;
– au solstice d’hiver (21 décembre), le lever du soleil est aligné avec le Belchen suisse.
L’écoulement du temps mesuré à l’aune de la topographie…
Un temps plus concentré me concernait puisque se mesurant seulement à la journée.. Commencement par le versant de l’histoire avec les cols du Wettstein (cimetière militaire) et du Linge (mémorial témoignant de la guerre de tranchée durant la première guerre mondiale)… Et parce que le vélo c’est comme la vie c’est à dire fait de hauts et de bas, à vive allure je filais dans l’incroyable descente du Hohrod…
Munster. Quelques mètres à peine en terrain plat, et puis Luttenbach et son panneau indiquant le début du col du petit ballon. 1km d’abord à 9% de moyenne ! Je croyais qu’il y en aurait un comme ça. Mais il y en avait plusieurs… Les débuts furent difficiles mais comme toujours en montagne je prenais assez rapidement mon rythme… Dans ce beau col qui n’a certainement de petit que le nom. Et si c’était seulement une manière de le rendre plus attachant ? Avec aussi ce souvenir de l’avoir vu choisi par les fans du coureur au grand cœur pour lui dire au-revoir. En rang serré dans le virage, acclamant un champion hors-norme fendant la foule. C’était au TDF-2023, et je garde encore aujourd’hui de grands frissons de ce moment unique vécu devant mon poste…
« ALLEZ THIBAUT ! ALLEZ MON GRAND !
T’ES GRAND AUJOURD’HUI !
Après un début d’ascension joliment boisé, il y a ce changement de biotope propre aux paysages de montagnes. La forêt disparaît, et c’est de l’herbe à la couleur un peu particulière qui vous enveloppe… De celle d’ici naît le Munster, un fromage à pâte molle dont je ne raffole pas… En danseuse depuis le virage Pinot, je dépasse la ferme-auberge « Kahlenwasen » où une maman tient sa fillette assise sur la rambarde qui lui offre un panorama incroyable… Et le son « vélo » jaillit de ce petit être me redonnant instantanément un courage incroyable, qui durera jusqu’au sommet du col ! Là-haut, assis au pied d’une pierre portant la mention « Petit-Ballon », je fais le compte de tout ce qui a déjà été fait. Et aussi, de ce qu’il reste à faire…
Car juste après la fin de la dangereuse descente du Petit-Ballon, il faudra grimper à nouveau… Un col dont le patronyme fait frémir : « le Platzerwasel ». Une route au macadam très lisse et qui monte en pente raide mais régulière à travers une forêt assez dense pour se protéger du soleil. Venant du Petit-Ballon, un col où il me fallut tout de même batailler… Et jusqu’au bout puisque son final est aussi particulièrement raide !!!
Ceci-dit, le col débouche sur un plateau à 1200m de D+ environ et qui offre de bien belles vues sur les Vosges véritables. Un doux spectacle de montagnes qui en ont vues d’autres… Il n’y a avait alors plus qu’à laisser rouler jusqu’au Markstein où je commettrais une erreur de trace, la seule du parcours. Ratant la route des crêtes qui devait me mener au Grand-Ballon pour redescendre sur Guebwiller et Soultz-Haut-Rhin… Un bon détour et je m’en veux, car le Grand-Ballon, c’était normalement lui le point culminant du parcours. Et l’un des meilleurs souvenirs de la route des vins que nous avions partagé 15 ans plus tôt avec les copains.. Mais une erreur qui eut au moins pour mérite de permettre un nouveau ravitaillement.
Sage précaution avant d’aborder le col Amic par une jolie route en lacet et panneauté tout son long du « col du Grand-Ballon ». Arrivé au sommet, c’est un sacré détour que j’aurais fait quant on sait qu’une petite 15aine de kilomètres seulement séparent le Markstein du col Amic…. Mais quand on aime, on ne compte pas…
Cernay brûlait sous le soleil et je cherchais vainement un point d’eau que je ne trouverais qu’un peu plus loin, à Thann. De quoi aborder le Hundsrück dans de bonnes conditions… Un joli col, qui, après le petit passage à vide vécu dans la plaine me remettait dans le bon sens… Celui de la grimpe !
Énième descente qui me conduit à Masevaux-Niederbrück. Une descente largement effectuée en roue libre, un vrai plaisir…
Nous voici maintenant dans la vallée de la Doller, et la trace choisit une piste cyclable à l’écart des voitures où je double plusieurs cyclistes du genre touristes… Un salut rendu à chaque dépassement, une habitude dans le milieu cycliste qui se perd peu à peu malheureusement avec la fausse sociabilité des réseaux…
Sewen marque l’entame du ballon d’Alsace, spectaculaire avec ses « S » bordés de murets crénelés dans les alentours du lac d’Alfeld. Le Ballon d’Alsace par ce versant est long et d’un genre pentu. Mais il condense tout ce que je préfère. Une route sinueuse parfois raide mais régulière. Ombragée mais avec par endroit de belles trouées sur la vallée qui s’éloigne rapidement en contrebas… Un mouton tête dans le fossé, une chèvre regardant volontaire cette route qui s’élève… Une dizaine de kilomètres parcourus à la petite moyenne de 11 kilomètres par heure. C’est un fait, après plus de 650kilomètres pour presque 15000 mètres de D+ en quatre jour, il ne reste plus bien grand chose dans les chaussettes…
Voici le Ballon d’Alsace, et le souvenir indélébile d’une ascension lors de l’itinérance effectuée il y a sept ans en souvenir de mon grand-père… Alors parti de Belfort, j’avais grimpé le Ballon depuis Giromagny. Un Ballon que je vais maintenant redescendre pas la même route. Avec la satisfaction immense d’avoir su boucler une Super-Randonnée qui sur le papier n’était pas gagnée.
Giromagny. Il est 18heures et il est temps d’envoyer quelques messages pour rassurer mes proches. Oui, tout c’est bien passé. Oui, les Vosges sont magnifiques, et surtout quand ont les parcours de cette manière. Non, je ne suis pas exténué. Et oui, il me reste encore de la route à faire pour rentrer. Pas loin de 5 heures pour être précis. La route. Un endroit où je passe quand même beaucoup de temps… Mais les paysages changeant qui l’entourent ne sont ils pas les rêves qui égayent nos innombrables nuits 😉 … ?
oui… mais sur le dos …